vendredi 29 avril 2011

Un clasico aux allures de cour de récré

Ca devait être le point d'orgue d'un mois de duel entre les 2 tenors du football espagnol. L'enjeu, une qualification pour la finale de la Champion's League, renforçait encore le caractère "historique" de la rencontre entre le Real de Madrid et le FC Barcelone. Tous les ingrédients étaient là pour faire de ce match une rencontre inoubliable.
Un duel de génies d'abord : Messi, le feu follet argentin contre Ronaldo, le tenor portugais. Un duel de tacticiens ensuite : José Mourinho, le "Special One", opposé à Pep Guardiola, l'entraineur qui a tout gagné en 2009. Mais surtout un duel épique, avec toute la légende qui suit les rencontres entre les deux équipes espagnoles depuis plus d'un demi-siècle. Après l'humiliation (5-0) infligée aux madrilènes en championnat, les barcelonais partaient largement favoris dans ce dernier carré de C1. Pourtant, le schéma tactique érigé par le stratège Mourinho en finale de la Coupe du Roi avait permis au Real de remporter son premier trophée depuis 3 ans au détriment des catalans. Le duel entre les deux équipes s'annoncait dores et déjà comme le temps fort de la saison 2010-2011.
Pourtant, de duel, il n'y en a pas eu...
Le clasico a accouché d'une souris, pire! D'un rat, tant l'ambiance sur et en dehors du terrain a pourri jusqu'à la moelle un match dont le seul éclat aura été la promenade de Messi dans la défense madrilène.

Récit d'une pièce manquée en 5 actes:

Acte 1 : Le clash des coachs :

Tous les éléments avant-coureurs du désastre footballistique étaient pourtant là, bien avant le coup d'envoi. Au cours de la semaine précédent le match, les deux entraineurs se sont révélés extrêmement critiques l'un envers l'autre, frolant même les limites de la grossièreté. Une façon pour l'un et pour l'autre de protéger leur groupe. Une part de spectacle et de show également, pour faire monter la pression en vue du grand duel.
Vidéo: BFM TV
Acte II : Une première mi-temps indigne

Une des principales critiques qui émanaient des joueurs Barcelonais après la défaite en Coupe du Roi, c'était la rudesse du jeu imposé par les Madrilènes. Difficile de blâmer José Mourinho, qui après la véritable humiliation prise au Camp Nou en Novembre dernier avait décidé de revenir au schéma tactique qui lui avait permis de qualifier l'Inter de Milan l'année passée. Un jeu physique et extrêmement défensif, pour empêcher les barcelonais de faire tourner le ballon et développer leurs gammes assassines. Résultat: une première mi-temps indigne de l'affiche attendue... et une frustration barcelonaise évidente. Alors que les joueurs s'apprêtent à rentrer aux vestiaires, une discussion entre Arbeloa et Keita dégénère. Le banc barcelonais s'en mêle et il faut l'intervention de la sécurité pour éviter une bagarre générale. A cet instant là, le match passe au second plan, et l'on sait que le football sera le grand perdant de la soirée.


Acte III : Pepe voit rouge, Mourinho en tribune 

Les supporters des deux équipes attendait un sursaut d'orgueil de leurs favoris en seconde mi-temps. Pourtant, le match, ou l'absence de match, continue en seconde mi-temps. L'arbitre, Wolfgang Starck, autrefois désigné comme le "pire arbitre de Bundesliga" par les joueurs Allemands, et critiqué par les Merengue car fan Lionel Messi, a bien du mal à maintenir les esprits sereins. Arrive alors le tournant du match. Pepe, la pièce maitresse de Mourinho, arrive pied en avant sur Dani Alves. Le joueur barcelonais s'écroule et feint une grosse blessure. Pour Starck, c'est la faute de trop. Le milieu défensif brésilien est exclu. Après match, les ralentis montreront qu'à aucun moment le brésilien ne touche le joueur catalan. C'est donc sur une simulation de haut vol que le chateau de carte madrilène s'envole. Mourinho, excédé par l'arbitrage, sera renvoyé en tribune pour assister au naufrage de son équipe
La "faute" de Pepe: ca chauffe même sur le plateau!

Acte IV : Magic Messi

Barcelone, dont le football était asphyxié par la puissance physique des madrilènes, commence alors a prendre le dessus, mais seul un homme possède la clé pour faire sauter le verrou madrilène. Lionel Messi, le double ballon d'or, va sauver la partie grâce à deux buts. Déja décisif contre Arsenal en huitième de finale, il éclabousse à nouveau le match de son talent. Son deuxième but est littéralement Maradonesque !
Le match est plié. Madrid, qui devra remonter un déficit de deux buts au Camp Nou, est déjà rayée des tablettes par les bookmakers.
Le but de Messi :



Acte V: Por Qué?


Viennent ensuite les interviews d'après-match. On s'attend à une critique sanglante du technicien madrilène, on ne sera pas déçu. Il déclare : « J'ai juste envie de demander : "Pourquoi?" "Pourquoi M. Ovrebo, M. Busacca, M. Stark ?" A chaque demi-finale, il se passe la même chose. Le Barça est une équipe fantastique, mais pourquoi Chelsea n'est pas passé ?" Il fait la référence à la demi-finale retour de la Coupe des Champions 2009 entre Chelsea et Barcelone, où les Blues s'étaient littéralement fait voler par l'arbitrage avec 3 pénaltys non sifflés en leur faveur. Il poursuit : " Pourquoi l'Inter est passé miraculeusement ? Je ne comprends pas... Bravo au Barça. Je félicite aussi ce club pour le pouvoir qu'il a sur les décideurs. Ça doit être dur à obtenir... C'est parce qu'ils ont l'Unicef sur leurs maillots ? Moi, j'aurai honte de gagner une Ligue des champions comme ça
Coup de tonnerre chez les catalans, qui décident de porter plainte quelques jours plus tard devant l'UEFA.



Pourquoi? C'est bien la question que l'on a envie de se poser après ce simulacre de match de foot. Incapables de se dépêtrer de leurs egos, madrilènes et barcelonais nous ont offert un spectacle indigne du football professionnel et de l'image d'exemple qu'ils véhiculent. Alors que les supporters de part et d'autre fustigent l'équipe adverse, ce sont surtout les deux équipes qui ont déçu. On peut en effet regretter que les madrilènes aient décidé de laisser leur football au vestiaire. On peut également fustiger l'attitude des barcelonais qui, ces derniers temps, forts du statut de prodiges qui leur colle aux basques (sic), se laissent tomber comme Carrie Ingals dès qu'on les effleure, rappelant, tiens, tiens, le pleurnicheur Ronaldo des débuts.
On espère surtout que les 22 joueurs se rattraperont et, à défaut de sauver la face, offriront un spectacle digne du niveau qui est le leur au cours du match retour.

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